J'étais suivie régulièrement par mon ophtalmo, puis un jour à une consultation il y avait une remplaçante et elle m'a envoyée à l'hôpital de Nancy pour faire des tests, et de là, nous avons eu le nom de cette maladie. Nous pensons que mon ophtalmo le savait, mais ne nous l'avait pas dit...

 

Tu avais déjà des troubles importants de la vision ?

Déjà oui, mais je voyais mieux la nuit que maintenant...

 

Et aujourd'hui ?

J'ai 3/10ème à l’œil gauche et 4/10ème au droit. Et le champ visuel est de 15 degrés.

 

Tu as pu suivre une scolarité normale ?

Oui, de ma première année de maternelle jusqu'à ma dernière année de BTS, j'ai suivi une scolarité dans des établissements standards, sans aménagements.

 

Cela a dû être plus difficile pour toi ?

Bien sûr, j'ai tout le temps eu des moqueries, jusqu'au BTS... parce que je voyais différemment, des réflexions méchantes. Car la nuit, je ne vois pas et le jour j'arrive à gérer... Des personnes qui ne me croyaient pas aussi !

On m'a dit un jour que je n'avais pas à être là, car je ne voyais pas, alors ça ne me servirait à rien... et que c'était bien fait pour moi !

 

Dans quel domaine as-tu fait tes études ?

J'ai obtenu un BTS Assistant Manager, le mixte du BTS secrétaire de direction, et secrétaire trilingue.

 

Et maintenant tu travailles ?

Je fais un service civique au comité départemental handisport des Vosges en tant qu'Ambassadrice du mouvement Handisport des Vosges.

 

As-tu des difficultés dans tes recherches de stages ou d'emploi à cause de la RP ?

Oui ! Que ce soit pour les stages, ou ma recherche d'emploi, être déficient visuel est très très dur... Il faut s'accrocher !

Le handicap fait peur !

 

Tu penses que les employeurs ont peur de se lancer ? De s'adapter ?

Oui car quand tu es DV (déficient visuel), il faut beaucoup d'aménagements et bien souvent, ils ne veulent pas s'embêter...

 

Et ta famille vit bien le handicap ?

Je ne sais pas, on n'en parle pas. J'ai toujours été éduquée comme quelqu'un de valide, alors on n'en parle pas. Ils font attention, mais voilà... Je pense que ça les peine tout de même.

 

Comment vis-tu avec la maladie ?

Je réalise mes passions... j'ai toujours été passionnée par la danse classique et toute ma vie je resterai petit rat de l'opéra. Mais je suis aussi passionnée par l'athlétisme, que je pratique !

 

Quel est ton parcours d'athlète ?

On a commencé par me mettre en relation avec un athlète handisport que j'admirais beaucoup. Il a ensuite parlé de moi à son entraîneur, qui est devenu le mien ! Mon but n'est pas juste de pratiquer. C'est aussi d'être en équipe de France et de faire une fois dans ma vie, les Jeux Paralympiques, les Championnats d'Europe et du Monde !

 

Tu as déjà un palmarès ?

Mon palmarès reste encore petit, mais je commence à faire mes marques dans le monde handisport.

Aux Championnats de France, l'an dernier, en salle à Nantes, j'ai eu la médaille de Bronze en Longueur. Puis aux France de cette année, en salle, Bronze aux 60m.
Et aux France à Paris les 23 et 24 mai derniers, au Stade Charlety, j'ai obtenu la médaille de Bronze aux 200m, et Vice Championne de France aux 100m et à la longueur !

 

Ce sont tes plus belles récompenses ?

Ma plus belle récompense fût la finale aux 100m, quand j'ai couru avec une championne du monde, une championne paralympique et une vice championne paralympique !

Et à la fin de ces 100m, un câlin de la grande athlète Marie-Amélie Le Fur !!! C'est une copine maintenant... (rires).

 

Quelle est ta citation favorite ?

Ce n'est pas vraiment une citation, mais... que la meilleure chose qui aie pu m'arriver est le handicap !

Il m'a permis de réaliser des choses que jamais je n'aurais faites en étant valide ! Comme être avec les plus grands de l'handisport sur les pistes...

Propos recueillis par François DUVAUCHELLE

Assocation Rétine Active

27 mai 2016